vendredi 25 mars 2011

Le vin : affaire de goûts ou de critiques ?

Avez-vous déjà été influencés dans vos achats, par la notation d’un vin ? Vous est-il déjà arrivé de vous voir introduire un vin par son palmarès, avant même d’en connaître les caractéristiques gustatives ?

Il est incontestable que les notations ont une influence dans le monde du vin aujourd’hui.

En France, les parutions des guides Hachette ou encore Bettane et Dessauve sont, chaque année, attendues avec une certaine anxiété par les producteurs de vins, comme l’est celui du guide Michelin par les restaurateurs.

Outre-Atlantique, Robert Parker est sans aucun doute devenu, en près de 30 ans, l’homme le plus influent sur la « planète vin ». Après une carrière d’avocat, il choisit de se consacrer à sa passion, le vin. L’année 1978, voit ainsi la première parution de The Wine Advocate et le millésime 1982, celui de sa consécration. La revue devient très vite la bible des acheteurs de grands crus, tout comme l’est aujourd’hui le guide Parker. Les répercussions de ses notes, allant de 50 (vin inacceptable, manquant d'équilibre, avec de gros défauts, terne ou très dilué) à 100 (vin extraordinaire de profondeur et de complexité, une cuvée grandiose) sont mondiales. Nombreux sont ceux à  le suivre les yeux fermés.
Il est lui-même surpris de l’impact qu’il suscite, allant jusqu’à conduire certains producteurs à modifier leur style afin de coller à son goût.

Une bonne note de Parker entraîne en effet, quasi-systématiquement, une augmentation des ventes et surtout une explosion du prix de vente. Pour exemple, Harlan Estate, domaine de Napa Valley, a multiplié ses prix de près de 8 fois en à peine quinze, passant de $65 en 1991 à $500 en 2006.
 Il a fait la réputation des vins de Bordeaux, comme ceux du Château Valandraud à Saint-Emilion, de certains vins de Côtes du Rhône, dont la Maison Chapoutier, et a fortement contribué au développement des vins californiens, comme Staglin Family Vineyard ou encore Harlan Estate, comme nous venons de le voir.
Son aura est telle qu’il a même fait assurer son palais et nez pour pas moins de 1 million de dollars !
Des vins « riches et intenses, très complexes, avec des saveurs épicées concentrées et longues en bouche, autour de tannins onctueux » seraient ceux qu’il plébiscite.

On lui reproche ainsi d’avoir contribué à l’uniformisation du goût, le phénomène de « parkerisation », en imposant ses critères de qualité nécessitant l’utilisation, quasi-systématique, de fûts neufs pour des notes vanillées ou encore la micro-oxygénation, pour arrondir plus rapidement les tannins.

La première bande dessinée française sur le vin, sortie en octobre dernier, « Les Sept Péchés Capiteux » en fait d’ailleurs le procès, avec beaucoup d’humour. De même le film documentaire franco-américain, réalisé par Jonathan Nossiter en 2003, Mondovino, ne vous est certainement pas inconnu. De ces controverses, il s’en défend, se dit amateur éclairé et non gourou controversé.

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il a contribué à faire évoluer le vin, son élaboration, à le faire connaître et il faut lui reconnaître une constance dans ses goûts et ses choix. Il a même suscité des vocations et prépare aujourd’hui sa relève avec la nomination d’Antonio Galloni comme nouveau juge des futurs millésimes de Californie quand il se concentrera sur ceux de Bordeaux et sur des vieux millésimes californiens.
La revue américaine, The Wine Spectator, a d’ailleurs adopté son système de notation sur 100 points mais avec ses propres critères qui sont : « fruits mûrs, vins équilibrés et qui concentrent une certaine singularité ».

Le vrai danger vient peut-être des producteurs qui, en voulant plaire aux critiques, ont modifié l’élaboration de leurs vins. Comme une bonne note est vendeuse et à des prix souvent prohibitifs la tentation est grande. Ces notes font tourner la tête de vignerons qui vont jusqu’à en oublier leurs convictions et à en faire perdre le caractère initial de leurs vins.

Alors finalement, quelle place doit-on accorder aux critiques de vins et à leurs notations ?

Leur influence est importante pour les non initiés à la recherche de références pour guider leurs achats. Il faut en effet garder en tête que la majorité des consommateurs américains est en phase d’apprentissage du vin. Ils ont besoin de repères. Ces notes, quoi qu’on en pense, restent très influentes et sont un critère important qu’ils prennent en compte dans leur décision d’achat d’un vin.
Il est néanmoins important de garder un certain recul face à ces notes puisqu’une chose est sûre, le goût est propre à chacun. En effet, un vin noté 100/100 par Parker ou The Wine Spectator pourra vous laisser indifférent ou au contraire un vin ayant reçu la note de 86 pourra satisfaire toutes vos espérances.
La dégustation et l’appréciation d’un vin est, de mon point de vue, complexe. De nombreux critères, souvent très subjectifs, font aimer un vin ou au contraire le laisser de côté. L’ambiance, le moment, les gens avec qui ont partage ce divin breuvage rendront ce vin inoubliable ou non. Comme pour la gastronomie, vous parait-il indispensable d’aller dans un restaurant étoilé pour prendre du plaisir ?

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