mardi 29 mars 2011

Les vins de Californie parlent d'une seule voix

Alors que la France peine à trouver des solutions à la chute de ses exportations et est en pleine réflexion sur la gouvernance de sa filière vitivinicole et plus particulièrement sur ses interprofessions (Rapport Despey, Avril 2010), la Californie, au travers de The Wine Institute, parle d’une seule voix pour promouvoir les vins californiens à l’échelle de l’Etat, du pays, mais surtout, sur la scène internationale.

Nouveau Logo - Wine Institute
La Californie compte 9 grandes régions viticoles représentaient par pas moins de 49 associations régionales. The Wine Institute, crée en 1934, qui représente plus de 1000 domaines viticoles, s’en fait le porte parole. Il vient de lancer une vaste campagne promotionnelle visant à faire doubler les exportations des vins de Californie d’ici à 2022 : Discover California Wines.
En partenariat avec le California Travel and Tourism Commission (CTTC), pas moins de 50 millions de dollars annuels ont été investi en différents outils de promotion (cartes, dépliants, brochures, présentoirs,…), à disposition des domaines de Californie, importateurs, détaillants et restaurateurs afin de promouvoir « the land of wine and food» à l’international.
Regardez plutôt ce spot promotionnel qui, en un peu plus de 3 minutes, dresse un portrait séduisant de la richesse des paysages de Californie, de ses régions viticoles, ses cépages, son histoire, sa cuisine et son implication dans un programme de viticulture durable.



De nombreuses initiatives complètent ce spot, comme celles de l'Office du Tourisme de Californie qui par voie de presse ou spots télévisés fait intervenir des personnalités du monde sportif, chefs cuisiniers, personnages politiques pour promouvoir "the Good Life" et vous donner envie de découvrir cet Etat et d'y revenir en faisant tomber les idées reçues.


Le vin, comme la gastronomie, fait partie de la culture, du style de vie des californiens où chacun peut y trouver son plaisir. C’est un patrimoine qu’ils revendiquent et dont ils sont fiers. On croyait qu’il était réservé aux seuls français ? The Wine Institute et l'Office du Tourisme de Californie ont pris les devants et nous réservent encore bien des surprises en cette année 2011 !

vendredi 25 mars 2011

Le vin : affaire de goûts ou de critiques ?

Avez-vous déjà été influencés dans vos achats, par la notation d’un vin ? Vous est-il déjà arrivé de vous voir introduire un vin par son palmarès, avant même d’en connaître les caractéristiques gustatives ?

Il est incontestable que les notations ont une influence dans le monde du vin aujourd’hui.

En France, les parutions des guides Hachette ou encore Bettane et Dessauve sont, chaque année, attendues avec une certaine anxiété par les producteurs de vins, comme l’est celui du guide Michelin par les restaurateurs.

Outre-Atlantique, Robert Parker est sans aucun doute devenu, en près de 30 ans, l’homme le plus influent sur la « planète vin ». Après une carrière d’avocat, il choisit de se consacrer à sa passion, le vin. L’année 1978, voit ainsi la première parution de The Wine Advocate et le millésime 1982, celui de sa consécration. La revue devient très vite la bible des acheteurs de grands crus, tout comme l’est aujourd’hui le guide Parker. Les répercussions de ses notes, allant de 50 (vin inacceptable, manquant d'équilibre, avec de gros défauts, terne ou très dilué) à 100 (vin extraordinaire de profondeur et de complexité, une cuvée grandiose) sont mondiales. Nombreux sont ceux à  le suivre les yeux fermés.
Il est lui-même surpris de l’impact qu’il suscite, allant jusqu’à conduire certains producteurs à modifier leur style afin de coller à son goût.

Une bonne note de Parker entraîne en effet, quasi-systématiquement, une augmentation des ventes et surtout une explosion du prix de vente. Pour exemple, Harlan Estate, domaine de Napa Valley, a multiplié ses prix de près de 8 fois en à peine quinze, passant de $65 en 1991 à $500 en 2006.
 Il a fait la réputation des vins de Bordeaux, comme ceux du Château Valandraud à Saint-Emilion, de certains vins de Côtes du Rhône, dont la Maison Chapoutier, et a fortement contribué au développement des vins californiens, comme Staglin Family Vineyard ou encore Harlan Estate, comme nous venons de le voir.
Son aura est telle qu’il a même fait assurer son palais et nez pour pas moins de 1 million de dollars !
Des vins « riches et intenses, très complexes, avec des saveurs épicées concentrées et longues en bouche, autour de tannins onctueux » seraient ceux qu’il plébiscite.

On lui reproche ainsi d’avoir contribué à l’uniformisation du goût, le phénomène de « parkerisation », en imposant ses critères de qualité nécessitant l’utilisation, quasi-systématique, de fûts neufs pour des notes vanillées ou encore la micro-oxygénation, pour arrondir plus rapidement les tannins.

La première bande dessinée française sur le vin, sortie en octobre dernier, « Les Sept Péchés Capiteux » en fait d’ailleurs le procès, avec beaucoup d’humour. De même le film documentaire franco-américain, réalisé par Jonathan Nossiter en 2003, Mondovino, ne vous est certainement pas inconnu. De ces controverses, il s’en défend, se dit amateur éclairé et non gourou controversé.

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il a contribué à faire évoluer le vin, son élaboration, à le faire connaître et il faut lui reconnaître une constance dans ses goûts et ses choix. Il a même suscité des vocations et prépare aujourd’hui sa relève avec la nomination d’Antonio Galloni comme nouveau juge des futurs millésimes de Californie quand il se concentrera sur ceux de Bordeaux et sur des vieux millésimes californiens.
La revue américaine, The Wine Spectator, a d’ailleurs adopté son système de notation sur 100 points mais avec ses propres critères qui sont : « fruits mûrs, vins équilibrés et qui concentrent une certaine singularité ».

Le vrai danger vient peut-être des producteurs qui, en voulant plaire aux critiques, ont modifié l’élaboration de leurs vins. Comme une bonne note est vendeuse et à des prix souvent prohibitifs la tentation est grande. Ces notes font tourner la tête de vignerons qui vont jusqu’à en oublier leurs convictions et à en faire perdre le caractère initial de leurs vins.

Alors finalement, quelle place doit-on accorder aux critiques de vins et à leurs notations ?

Leur influence est importante pour les non initiés à la recherche de références pour guider leurs achats. Il faut en effet garder en tête que la majorité des consommateurs américains est en phase d’apprentissage du vin. Ils ont besoin de repères. Ces notes, quoi qu’on en pense, restent très influentes et sont un critère important qu’ils prennent en compte dans leur décision d’achat d’un vin.
Il est néanmoins important de garder un certain recul face à ces notes puisqu’une chose est sûre, le goût est propre à chacun. En effet, un vin noté 100/100 par Parker ou The Wine Spectator pourra vous laisser indifférent ou au contraire un vin ayant reçu la note de 86 pourra satisfaire toutes vos espérances.
La dégustation et l’appréciation d’un vin est, de mon point de vue, complexe. De nombreux critères, souvent très subjectifs, font aimer un vin ou au contraire le laisser de côté. L’ambiance, le moment, les gens avec qui ont partage ce divin breuvage rendront ce vin inoubliable ou non. Comme pour la gastronomie, vous parait-il indispensable d’aller dans un restaurant étoilé pour prendre du plaisir ?

mardi 22 mars 2011

La valse des marques : zoom sur les lauréats 2010

Pour revenir au classement 2010 des 30 premières marques de vins vendues aux Etats-Unis, récemment révélé par SymphonyIRI, il est intéressant de comparer les trois premières.  Quelles sont les facteurs clés de succès des leaders, en supermarchés et drugstores, que sont Cupcake Vineyard, Ménage à Trois et Barefoot ?

1. Une identité visuelle forte :


Cupcake Vineyard a été lancée en 2008 par The Wine Group, numéro 2 sur le marché américain en 2010, via Underdog Wine merchant, développeur de marques et de vins tendances.
Cette marque reprend le cupcake, petite pâtisserie très populaire aux Etats-Unis, connue de tous, qui fait partie intégrante de la culture de chacun. Ce petit gâteau souvent très coloré se déguste avec les yeux avant de pouvoir révéler ses secrets aromatiques en quelques bouchées. Comme le cupcake, la mission de ces vins est de les faire entrer dans les foyers américains. Une marque qui intrigue, éveille les sens et le goût...déjà proche des 12 millions de bouteilles vendues en à peine deux ans d’existence !


Ménage à trois est la marque ombrelle de quatre vins assemblant TROIS cépages et TROIS différentes régions, pour le Chardonnay, d’où ce nom. Deux personnes mènent la danse sur chaque étiquette de ce vin du domaine Folie à deux, fondé en 1981, appartenant depuis 2004 au groupe Trinchero Family Estates, au cinquième rang des entreprises de vins aux Etats-Unis en 2010. Un packaging plus classique certes mais avec un nom de marque qui apporte une touche française, très appréciée des américains, pour ces vins d’assemblage équilibrés qui demandent à être partagés.


Barefoot rassemble une large gamme de vins, aux couleurs flashy, plutôt fun signés d’un pied identifiable et mémorisable. Cette marque appelle à la détente, à la simplicité et à la liberté. Pas besoin de grands artifices pour apprécier ces vins de plaisir appartenant, depuis 2005, au leader 2010 sur le marché américain, E & J Gallo Winery.



2. Des vins de cépages

Ces trois marques offrent une gamme plus ou moins large de vins, 4 pour Ménage à trois, 13 pour Cupcake Vineyard et 17 pour Barefoot. Des vins tranquilles aux pétillants, chacun peut trouver le cépage qui lui correspond. Une entrée en matière simple qui ne nécessite pas d’expertise particulière pour être appréciée.

3. Un positionnement prix agressif

Ces trois marques se positionnent sur des segments de prix relativement agressifs. Elles se placent sur le segment Fighting Varietal pour Barefoot et Popular Premium pour Cupcake Vineyard et Ménage à trois et n'excédent pas les $11.

4. Une présence active sur les réseaux sociaux

Trois marques qui ont compris l’influence grandissante d’Internet dans le monde du vin et la nécessité d’être actif sur les réseaux sociaux comme Facebook ou encore Twitter. Au 18 mars 2011, Barefoot comptait déjà près de 60 000 fans Facebook contre plus de 12 000 pour Ménage à trois et plus de 10 000 pour Cupcake Vineyard, en seulement deux ans. Twitter décolle un peu plus doucement mais il est intéressant de voir que Barefoot comptabilisait 3054 tweets contre une petite moyenne de 65 pour les deux premières, à cette même date.



Ainsi, Barefoot, bien qu'en troisième position des ventes de vins aux Etats-Unis en 2010, est une marque très active.
Elle va même encore plus loin en se faisant le partenaire de nombreux événements et en soutenant de nobles causes au travers de la Barefoot Republic. Elle a ainsi créée une communauté de fans, ambassadeurs officiels de la marque (les Barefooters) présents sur l'ensemble du territoire américain ou non, qui sont invités à partager anecdotes, recettes de cuisine, souvenirs autour des vins Barefoot, mais aussi à agir pour le bien de tous. Ainsi depuis 2007, Barefoot est à l'initiative de projets de sauvegarde des plages bordant le pays : The Beach Rescue Project qui rassemble chaque année des milliers de volontaires qui sont aussi des "Barefoot Lovers". 
Des outils riches d'information, encore bien trop souvent sous exploités, permettant de développer une fidélisation à la marque où chacun peut participer et se sentir impliquer dans sa pérennité.

5. Des cibles communes

Ces trois marques ciblent des consommateurs jeunes qui ne sont pas de grands connaisseurs de vins mais à l’affût de nouvelles tendances. Le vin est le reflet de ce qu’ils veulent montrer à la société. Une entrée simple par le cépage pour aussi leur donner envie d’ouvrir d’autres portes de ce monde du vin où il y a tant à découvrir.

Pour conclure, ce sont pour moi trois marques bien distinctes et audacieuses. Ce sont des vins de cépage, accessibles et abordables par des cibles jeunes qu’elles fidélisent en exploitant au maximum les nouveaux moyens de communication. Leur grande force est de toucher la sensibilité, presque l’intime en utilisant des codes déconnectés du vin lui-même. Elles laissent aller notre imagination, quelle en sera votre interprétation ?

jeudi 17 mars 2011

Les Etats-Unis en pôle position de la consommation mondiale de vin ?

Vous êtes peut-être passé à côté de LA nouvelle qui est sur toutes les lèvres depuis mardi 15 mars dernier ?

Le Wine Institute, interprofession de l’Etat de Californie,  vient en effet de rendre publics les résultats de l’étude réalisée par le cabinet de consultants Gomberg, Fredrickson Associates qui révèlent que les Etats-Unis seraient en première position mondiale en termes de consommation de vin en 2010. Ils surpasseraient ainsi la France avec près de 3,960 milliards de bouteilles vendues cette année.

Peut-être est-il prudent de prendre ces révélations avec du recul. D’autant plus que la neuvième étude prospective sur le marché mondial du vin, réalisée par le cabinet britannique IWSR (International Wine and Spirit Research) pour le compte du salon professionnel international du vin et des spiritueux Vinexpo, dont les résultats ont été rendu publics à la mi-janvier de cette année, ne parie sur la réalisation de ce fait qu’à l’horizon 2012 !

Chateau Montelena - Janvier 2011

Une chose est sûre, bien qu’en consommation par habitant, les Etats-Unis restent encore loin derrière avec près de 12 litres par an, il faut garder en tête que la population en âge de consommer de l’alcool est en croissance rapide. Dix-sept années de croissance consécutives de sa consommation de vin, la présence de domaines viticoles dans chacun des 50 Etats du pays, l’intérêt grandissant des américains pour un style de vie mêlant gastronomie et vin, dont il est prouvé qu’une consommation modérée est bénéfique pour la santé (French Paradox), laissent à penser que cette tendance à la hausse se confirmera dans les années à venir.



Les Etats-Unis, aux côtés de pays émergents dans ce domaine comme la Chine ou encore la Russie, sont ainsi loin d’avoir dits leurs derniers mots.

mardi 15 mars 2011

2010 : La valse des marques

Comme nous avons pu le voir précédemment, une des caractéristiques des vins présents sur le marché américain est qu’ils sont des vins de marque.

A l’heure où SymphonyIRI, un des leaders mondiaux des études de marché, spécialiste du point de vente, vient de rendre publique son classement des 30 premières marques de vins pour l’année 2010 (marques dont le niveau de vente a été supérieur à 1 200 000 bouteilles, sur une période de 52 semaines, dans les principaux points de vente de détail des Etats-Unis), on peut aisément parler de valse des marques. En effet, si l’on compare ces résultats à ceux de 2009, peu de marques ont résisté. Ce nouveau classement voit ainsi l’introduction de plus de 20 nouvelles marques.


Les vins de Californie restent toujours majoritaires avec 25 marques originaires de l’Etat et une provenant de l’Etat de Washington qui reste Château Ste Michelle. Toutefois il est à noter que les vins d’importations commencent à être bien représentés. Au nombre de quatre alors qu’il n’y en avait qu’un en 2009, ils proviennent d’Italie, d’Allemagne ou encore d’Argentine (Alamos, vin d’importation du Groupe californien E & J Gallo).

Les groupes les plus actifs dans ce classement restent également californiens avec E & J Gallo et Constellation ayant respectivement 7 marques dans ce palmarès contre seulement 4 pour The Wine Group (7 en 2009).
Il semble également qu’il y ait une revalorisation du marché avec 9 marques présentent sur le segment de prix de $8-10.99 et 16 marques se positionnant au dessus de $8 quand il n’y en avait que 11 en 2009.
Menage à Trois et Barefoot restent dans le peloton de tête mais derrière Cupcake Vineyard qui fait sa première entrée dans ce classement et se place en première position sur le segment de prix inférieur à $11.

Si l’on regarde à présent du côté des nouvelles marques, on observe que sept d’entre elles sont importées. Elles proviennent d’Italie, de Nouvelle-Zélande, d’Allemagne ou encore d’Argentine, qui en comptabilise le plus grand nombre.


Huit marques se positionnent sur le segment de prix inférieur à $8 alors qu’il n’y en avait que 7 en 2009.

Au travers de ces données, malgré la domination incontestable des vins californiens et des principaux groupes qui les représentent, nous pouvons voir que les vins importés prennent de plus en plus d’importance et ce sur un segment de prix agressif. 
On peut ainsi se demander s'ils garderont l’avantage tout au long de cette année 2011 et quelles marques sauront résister à cette concurrence féroce ?

vendredi 11 mars 2011

Napa : seconde destination touristique de Californie...

Comme nous l’avons déjà vu à de nombreuses reprises, la Californie produit 90% des vins aux Etats-Unis, ce qui en fait le quatrième producteur mondial de vins derrière la France, l’Italie et l’Espagne.
La Napa Valley y contribue pour seulement 4% mais représente près de 30% de l’économie du vin en Californie et près de 35% de l’économie américaine (Napa Valley Vintners). Des millions de visiteurs chaque année font du vignoble de Napa la seconde destination touristique de Californie derrière Disneyland.

Château St Jean - Novembre 2010
Mais alors comment une si petite région peut avoir un tel impact sur l’ensemble de l’économie de l’Etat mais aussi du pays ?

Par sa situation géographique et son climat ?, peut-être :
Clos Pegase - Napa Valley Train
Septembre Novembre 2010


La région de Napa bénéficie en effet d’une proximité géographique idéale avec les principales villes de Californie que sont San Francisco, Sacramento ou encore Oakland. Chacune d’entre elles disposent d’un aéroport international qui l’a rend accessible au plus grand nombre. A seulement 1h50 de route environ, elle est une destination de choix pour une escapade d’un week-end.
Son accès est possible en voiture  bien sûr, mais il faut savoir que de nombreux tours opérateurs ont développés des formules diversifiées afin de vous permettre de découvrir le vignoble en voiture de location ou bus (plutôt classique), à bord d’une limousine, en ballon dirigeable, en train à bord du Napa Valley Train, à vélo ou même à pieds avec de nombreux chemins de randonnées accessibles.





La combinaison entre un climat méditerranéen, la géographie et la géologie en font un lieu propice à la prospérité de la viticulture. Il n’y fait jamais trop chaud, tant en été qu’en hiver, ni trop froid et les précipitations y sont relativement faibles.

Par la diversité, la qualité de ses vins qui lui vaut d’être réputée dans le monde entier ? Sans doute :

La Napa compte pas moins de 400 domaines viticoles. Il est ainsi possible d’y déguster une large gamme de vins et de cépages du fait d’une réglementation en termes d’appellations simplifiée 


Château Montelena - Janvier 2011
 La grande dégustation qui a eu lieu en 1976, plus connue sous le nom de Jugement de Paris, où les vins californiens ont supplantés les vins français, même si elle date, reste encore dans les mémoires. Les gagnants de l’époque en jouent encore aujourd’hui comme le Château Montelena qui affiche avec fierté l’article du Times de cette année de gloire. Depuis, d’autres dégustations similaires ont lieu chaque année et la tendance s’est plutôt inversée.
Néanmoins, la Napa Valley bénéficie, comme d’autres régions de France et du monde, de locomotives qui, mondialement connues, ont permis de propulser la région sur le devant de la scène internationale : Robert Mondavi en est un bel exemple de réussite.

Par l'attention particulière portée à la gestion de la relation clients ? Assurément :

Il faut garder en mémoire que le vin reste nouveau pour les consommateurs américains. Et s’ils deviendront bientôt les premiers consommateurs au niveau mondial, c’est bien par les salles de dégustations que leur éducation est travaillée. Comme nous l’avons vu précédemment, les domaines de Napa Valley soignent ainsi leurs extérieurs offrant aux visiteurs de découvrir de vrais chefs-d’œuvre architecturaux.
L’accent est également mis à l’intérieur. On vous accueillera presque partout sans rendez-vous et presque tous les jours de l’année dans un environnement qui invite à la détente et à la découverte. Les dégustations, même si elles restent payantes (environ 10 dollars pour 5 vins dégustés), permettent d’avoir un bon aperçu des vins produits, avec des échanges souvent enrichissants, dans un cadre soigné pour séduire le plus grand nombre. Et si le vin n’est, pour le moment, pas votre boisson favorite, vous trouverez certainement votre bonheur du côté des produits dérivés développés à l’effigie du domaine, aux côtés de livres sur le vin ou encore de recettes de cuisine, ou même des stands de charcuterie et fromage pour agrémenter votre pique-nique au cœur des vignes que vous aviez planifié. C’est du plaisir, de la convivialité à consommer sans modération.

V. Sattui, Beringer, Black Stallion, Novembre 2010 - Janvier 2011
Le but ici est clair : faire des visiteurs de passage, des consommateurs de demain et des ambassadeurs à toute fin possible.

Black Stallion - Janvier 2011

Si parmi les vins dégustés vous parvenez à trouver votre coup de cœur, la plupart des domaines disposent d’un ou de plusieurs Wine Club. Très populaires en effet, différents niveaux de souscriptions sont possibles en fonction de votre budget. Y adhérer vous permet, entres autres, de bénéficier d’exclusivités (des vins disponibles uniquement aux membres), de réductions, de participer à des événements organisés tout au long de l’année et de rester informer sur la vie du domaine tout simplement.


Ainsi, pour répondre à notre question initiale, qui était de savoir quels sont les facteurs clés de succès d'une si petite région viticole, et bien je dirais simplement que c'est une combinaison de tout cela. Situation géographique et climatique idéale ; diversité, qualité et réputation de ses vins mais aussi et surtout une gestion soignée de la relation clients en font une région incontournable, dont la veille est indispensable aujourd'hui.

Lorsque l’on sait que la vente directe ne représente que 1% des ventes de vins aux Etats-Unis, avec la Napa Valley en position de leader tant en volume et valeur qu’en termes de prix moyen de la bouteille, on peut penser que ce n’est pas grand-chose. Toutefois, comme nous venons de le voir c’est un élément vital du marketing mix pour chacun des domaines de la région, pour la région elle-même, l’Etat mais aussi à l’échelle du pays.
Malheureusement la libre circulation des vins aux Etats-Unis est encore loin d’être acquise. L’introduction le 5 avril 2010 de la résolution 5034, aujourd'hui réintroduite au Congrés sous la résolution 1161, en est un bon exemple. Lancée par « the National Beer Wholesalers Association » et soutenue par la « Wine & Spirit Wholesalers Association », elle vise à redonner aux grossistes le monopole de la distribution directe de vins qui ne cesse de leur échapper, en évoquant également la nécessité de limiter l’accès de personnes mineures (moins de 21 ans) à l’alcool. Afin que le vin continue à se démocratiser aux Etats-Unis, il est donc essentiel d’agir et de soutenir les organisations actives en la matière : Stop HR 1161 sur Facebook et Free the Grapes.

Il est à croire que le visage de la distribution de vins aux Etats-Unis sera tout autre dans un futur proche. Qu’en pensez-vous ?

lundi 7 mars 2011

Liège, synthétique, capsule à vis ? : le bouchon en question

Comme vous le savez certainement, différentes solutions de bouchage s’offrent à vous lorsqu’il s’agit de vins.
Le leader en la matière reste le bouchon liège. Il représente en effet, selon la Fédération Française des Syndicats du Liège, plus de 65% du marché mondial et reste encore la solution préférée des français, à près de 90%, mais aussi des américains, à plus de 70%.
Fortement demandé dans les années 1980, les producteurs de liège, afin de faire face à cette demande massive, ont ainsi privilégié la quantité à la qualité. Le tant désiré bouchon a très rapidement perdu de sa fiabilité et fut la cause du tant méprisé « goût de bouchon » causé par une forte concentration en 2,4,6-trichloro-anisole ou TCA . Il concernerait aujourd'hui environ 5% des bouteilles distribuées.

Cet écart entre qualité attendue et qualité obtenue a donc laissé place aux innovations et à de nouveaux systèmes de bouchage.

Le liège, même s’il s’est amélioré depuis, doit aujourd’hui cohabiter avec les capsules à vis, bouchons synthétiques et autres solutions technologiques.
Elles répondent en effet, sur le marché américain, à une demande de la part de producteurs, soucieux et désireux de diversifier leurs solutions de bouchage.


Ainsi, selon le sondage annuel du Wine Business Monthly (WBM), publié le 15 juin 2010 et réalisé auprès de domaines situés sur l’ensemble du territoire américain, malgré leur préférence pour le liège, qui reste utilisé sur leurs vins Premium et au-delà, les autres systèmes, comme celui des bouchons synthétiques, restent favoris sur les vins ne nécessitant pas beaucoup d’année de garde. Quant aux bouchons dits « technologiques » il semble qu’ils soient un bon compromis entre le liège et le synthétique. La capsule à vis, longtemps décriée, répond à une demande en termes de fiabilité et praticité et à un coût pouvant être divisé par deux en comparaison des autres solutions. Elle représentait, en 2009, 26% du marché contre seulement 5% en 2004 (WBM, 15 juin 2009).
Bonny Doon Vineyard, domaine de Central Coast, produisant des vins de style Côtes du Rhône dont l’intégralité est bouchée par ce biais, va même jusqu’à en faire l’apologie comme vous pouvez le voir au travers de cette vidéo, pleine d’humour et un brin délirante.



Côté français, la Maison Boisset, un des acteurs les plus innovants dans le monde du vin,  a été le premier à opter pour la capsule à vis pour deux de ses grands crus de Bourgogne du millésime 2005, ce qui a pu être vu comme une provocation à l’époque. Comme il le soulignait dans un communiqué paru en février 2007 : « L’avenir des grands vins passe par la capsule à vis ! ».

Mais alors, le liège aurait-il du souci à se faire ?

C’est en tous les cas ce que l’APCOR, Association Portugaise du Liège, semble croire. En effet, le Portugal contribue pour plus de 50% à la production mondiale de liège, deuxième poste des ressources du pays après le tourisme. Elle a donc choisi de contre-attaquer en lançant une campagne promotionnelle internationale en faveur du traditionnel bouchon : "100% Cork". Lancée depuis juin dernier, elle a été relayée dans de nombreux pays et notamment en France, en Angleterre et en Allemagne. Elle met en évidence les bienfaits du liège pour la planète (biodégradable, recyclable, en faveur de la biodiversité, faibles rejets en CO2), pour les emplois locaux et tente de convaincre les consommateurs de vins de privilégier le liège à la capsule à vis notamment. Cette campagne également menée sur le réseau Facebook a déjà convaincue plus de 41 000 personnes.

Pour ma part, même si je reste attachée aux vins bouchés liège, je pense que la capsule à vis reste un bon choix lorsqu’il s‘agit de petits vins, de faible garde, à boire dans l’instant !  A votre avis, qui gagnera la bataille ?

jeudi 3 mars 2011

Des vins à teneur réduite en alcool : rêve ou réalité ?

Nous avons vu précédemment qu’une des caractéristiques des vins américains est leur richesse en alcool. En effet, la recherche d’une bonne maturité conduit souvent les vinificateurs à ramasser des raisins tardivement et par conséquent fortement concentrés en alcool. Or, comme nous l’avons également abordé, au-dessus de 14%, toute boisson alcoolisée est considérée, aux Etats-Unis, comme spiritueux et est donc assujettie à une taxe supérieure. C’est pour des raisons économiques donc, mais aussi de santé publique que sont apparus les vins désalcoolisés, dont la désignation officielle est "boissons à base de vin désalcoolisé" ce qui permet de les distinguer des véritables vins. Un marché de niche aujourd’hui mais qui semble avoir de l’avenir. 

Ces vins allégés en alcool ont fait leur apparition en France dès 1986 avec l’UCCOAR, groupement de producteurs, qui en partenariat avec l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) se sont lancés dans le développement d’un vin à teneur réduite en alcool qui malgré tout conserverait polyphénols (antioxydants naturels présents dans le raisin) et caractéristiques organoleptiques du vin. C’est par la technique de distillation sous vide que cette recherche a abouti à la naissance de O°, aujourd’hui nommée Bonne Nouvelle. Cette marque de vins sans alcool rassemble trois gammes : les Classiques (Rouge, Blanc, Rosé), les Cépages (Merlot, Chardonnay, Syrah) et les Fines Bulles (Classique, Chardonnay, Rosé) et a comme slogan : « Bonne Nouvelle : les plaisirs de la vigne sans alcool ». Ces boissons sont en moyenne quatre fois moins caloriques qu’un vin classique mais apportent les mêmes bienfaits, à en juger par leur point info-santé mis à disposition sur leur site.

Pourquoi ne pas boire du jus de raisin me direz-vous, d’autant plus qu’une étude de l’institut norvégien de santé publique vient de révéler que leur consommation ne permet pas forcément de passer les tests d'alcoolémie. Les résultats de l'étude ont été publiés dans la revue spécialisée Journal of Analytical Toxicology (Source : Le Point.fr - Publié le 06/02/2011).

Pourtant, il semble qu’il y ait également un marché pour ces produits aux Etats-Unis. Après plusieurs tentatives sur ces dernières années, deux marques sont aujourd’hui bien présentes en Californie. Développée par Sutter Home Winery, domaine de Napa Valley appartenant au groupe Trinchero Family Estates, la marque Fre est une gamme de sept vins dont un effervescent à teneur réduite en alcool (moins de 0.5%).

A ses côtés, la marque Ariel, appartenant aujourd’hui à J. Lohr Vineyards & Wines, domaine de Central Coast a été développée dès  1985 et fut la première récompensée d’une médaille d’or en dégustation à l’aveugle à Los Angeles en 1986 aux côtés de vins classiques. Elle se compose de six vins dont un effervescent et produit aujourd’hui 1 440 000 bouteilles vendues dans plus de 22 pays. Les vins de ces deux marques sont vendus à un prix de vente unitaire moyen de $7 et on les retrouve aussi bien en grande surface qu’en magasins spécialisés.

Deux domaines qui ont ainsi choisi de se diversifier sur ce marché de niche qui trouvent des consommateurs soucieux de leur santé (des vins moins caloriques) mais néanmoins à  la recherche des mêmes sensations que peuvent procurer un vin classique. Une bonne alternative selon vous ?
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